Поль Верлен — Paul Verlaine

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Paul Verlaine « Épigrammes »

On finit par s’habituer

I
On finit par s’habituer
A la trahison de la femme :
La vie est faite de la trame
Qu’elle tisse pour nous tuer.
Après un temps d’apprentissage
On ne saurait plus s’en passer ;
D’abord on s’escrime à ruser,
Puis c’est la fatigue, — et l’usage.
La colère cède à l’ennui
Qui fait bientôt place à la presque
Indifférence moins grotesque
Que tel transport qui nous a nui.
Puis la confiance charmante
Revient, avec le correctif
D’à son tour se rendre fautif
Et de tromper aussi l’amante
Qui vous pardonne s’il lui plaît.
Mais tout cela c’est pitoyable !
Il n’y a guère que le diable
Pour profiter d’un jeu si laid.
Bah ! mieux vaudrait sans tant d’embage
Se fermer, sans plus biaiser,
Les yeux d’un mutuel baiser.
Car le plus fin c’est le plus sage.

II
Ou plutôt vieux comme je suis
Ou comme je commence à l’être,
Il me siérait moins, tant c’est depuis !
D’évoquer les anciens déduits
Que de penser au grand Peut-être.
La mort qui n’est pas loin de moi,
Moins loin que tant de coeurs en fuite,
Elle est fidèle, elle a ma foi,
J’ai la sienne. Oh ! mourir plus vite
Que de cette vie au souci
Perpétuel, sale besogne,
Noire bourrelle sans merci
Qui vous flatte et vous trompe aussi.
— Vite au charnier, vieille charogne !

III
D’autant plus vite que ta souffrance
Peut-être a suffi pour expier
Tels torts menus que t’ont fait payer
La Femme, — et tout ! pour plus d’assurance.
Et l’on verrait, lors, l’ancien pêcheur
Conformément aux seules Promesses
Se reposer ès saintes liesses
De tant de mollesse et de langueur.