Поль Верлен — Paul Verlaine

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Paul Verlaine « Épigrammes »

Lourd comme un crapaud, léger comme un oiseau

À Edmond de Goncourt

Lourd comme un crapaud, léger comme un oiseau
Exquis et hideux, l’art japonais effraie
Mes yeux de Francais dès l’enfance acquis au
Beau jeu de la Ligne en l’air clair qui l’égaie.
Au cruel fracas des trop vives couleurs,
Dieux, héros, combats, et touffus gynécées,
Je préférerais, d’entre les oeuvres leurs,
Telles scènes d’un bref pinceau retracées.
Un pont plie et fuit sur un lac lilial,
Un insecte vole, fine fleur vient d’éclore,
Le tout fait d’un trait unique et génial.
Vivent ces aspects que l’esprit seul colore !
Si je blasonnais cet art qui m’est ingrat
Et cher par instants, comme le fit Racine
Formant son écu d’un cygne et non d’un rat,
Je prendrais l’oiseau léger, laissant le lourd crapaud dans sa piscine.